En Normandie, une plateforme d'imagerie chevaux unique en Europe
L'École vétérinaire Alfort a développé un centre de référence unique en Europe pour examiner les chevaux, dans le Calvados. Son plateau technique s'est récemment enrichi d'un scanner grand diamètre qui permet des diagnostics ultra précis. Chevaux de course, d'obstacles mais aussi de loisirs peuvent y être examinés.
C'est un centre installé à Goustranville, une commune du Calvados, dans une région équine historique. En Normandie, on ne fait pas qu'élever des chevaux, on les fait courir, on les vend et désormais on les soigne avec la même attention que les sportifs de haut niveau.
"Les chevaux qui boitent, c'est le motif de consultation n°1 chez les chevaux" explique Amélie Tallaj, vétérinaire au CIRALE, le centre d'imagerie et de recherche sur les affections locomotrices de l'EnvA. "Parmi les chevaux athlètes, tous les chevaux ont des problèmes. Ils vont vivre avec, plus ou moins bien, suivant les individus" ajoute-t-elle.
Ici, en pleine campagne, le plateau technique est impressionnant. Développé par l'ancien directeur, le professeur Jean-Marie Denoix que les Américains sont venus chercher pour créer la première société savante dédiée aux problèmes locomoteurs du cheval, ce centre hyper spécialisé a atteint une envergure et une réputation mondiale. Unique en Europe, il réunit tous les outils d'imagerie : échographe, appareil de radiographie, IRM et désormais un scanner grand diamètre - 90cm - spécialement adapté à l'univers équin.
Bien sûr, il est impossible de passer l'animal corps entier mais désormais, des régions plus volumineuses sont accessibles : l'épaule, le coude, le haut du thorax, l'encolure et même les hanches. Pour un poulain ou un poney, c'est plus facile.
Des installations XXL
Ce jour-là, le "patient" est un cheval de selle, de saut d'obstacles, de 11 ans, qui souffre d'un boulet douloureux (l'articulation située au dessus du sabot). L'articulation est successivement passée à l'IRM puis au scanner afin de diagnostiquer l'état du cartilage. Quatre vétérinaires sont présents dont l'anesthésiste Claire Moiroud. Avec des tranquillisants d'abord, une anesthésie générale ensuite, l'animal s’assoit seul dans une salle capitonnée. Il est ensuite hissé grâce à un palan et installé sur la table d'examen.
Attentive comme avec n'importe quel patient humain, l'équipe a une heure trente devant elle. Derrière l'écran de contrôle Fabrice Audigié, actuel directeur et spécialiste en imagerie médicale, cale le faisceau pour obtenir les images qu'il souhaite. "La table du scanner est la première à avoir été réglable, en temps réel, en hauteur. Elle permet de déplacer le cheval au millimètre près alors qu'il peut peser jusqu'à 700 kilos" se réjouit-il.
Un diagnostic pointu pour de meilleurs soins
En une vingtaine de secondes, le scanner est achevé. Les images générées seront lues par Fabrice Audigié, commentées puis envoyées au clinicien qui a adressé le cheval au centre. Seuls les animaux envoyés par des vétérinaires ont accès à ce centre de pointe. Ils viennent de toute l'Europe car il n'existe que très peu de machines de ce type.
La carrière toute entière d'un cheval de course repose sur sa capacité à travailler avec ses douleurs et problèmes locomoteurs. L'arthrose, par exemple, peut ne pas faire souffrir un animal. De la précision du diagnostic dépend l'efficacité du traitement qui sera choisi. Les problèmes de cartilage ou d'inflammation osseuse, autrefois traités empiriquement, trouvent désormais, grâce à ces moyens exploratoires, une réponse précise (infiltration, repos, dosage et répartition de l'entrainement).
De simples chevaux de loisirs ont aussi accès à ces soins de haut niveau. Seule la demande de leur vétérinaire référent fait foi. C'est pour rester accessible à un public de particuliers que le prix de la consultation a été fixé à 1 500 euros. Une consultation somme toute abordable quand on sait qu'elle prend la demi-journée, mobilise quatre vétérinaires et qu'elle correspond au tarif d'une journée d'hospitalisation humaine.
Prévoir une table pour porter 700 kilos
Car si les vétérinaires ont pu bénéficier des avancées en médecine humaine, il leur a fallu adapter les outils à des cracks à quatre membres et de 700 kilos. Des années de développement et d'ingénierie ont, en particulier, été nécessaires pour réaliser une table où il est possible d'allonger les chevaux anesthésiés afin de les guider dans l'anneau.
(Source: France Inter)